"La France, tu l'aimes ou tu la quittes". Nul besoin de discours aussi percutant que des paroles d'une chanson de Lara Fabian pour decider de quitter le pays. Jusqu'à présent, la seule chose radieuse dont je me souviens sont les fuites des centrales nucléaires, c'est dire si il etait temps de déguerpir.

Repris de ce blog Source

Après 5 années d'expatriation, je sais que je ne reviendrai pas de sitôt dans mon pays d'origine et probablement jamais. Revenir? Les avantages sont infimes. Et après quelques années, être expatrié est devenu un mode de vie que j'ai adopté. Visiter d'autres pays, découvrir d'autres cultures est enrichissant. Après tout, nous n'avons qu'une seule vie : autant ne pas se rater et en profiter au maximum. Peu importe où cela m'emportera, tant que le parcours est magnifique, je suis partant pour faire partie du voyage.

Pour autant, s'intégrer n'est pas chose facile. Une fois arrivé, l'étranger, c'est toi. Le mec parfois bizarre, parfois marrant mais au fond dont tout le monde se fout. Et pourtant, ma situation est très avantageuse: étant immigré pour mes compétences,  on me voit pas comme un boulet de la societe. Ca aide a relativiser et imaginer comment on traîte Momo lorsqu'il arrive dans notre pays: sans qualification et avec moins d'attributs socialement interessant, on imagine bien qu'il sera plus facilement mis a l'écart.

Et puis ici, être frenchy, c'est classe. Ca fait bien, propre sur soi. C'est le comble du raffinement: tout ce qui est de bon goût est "French". Peu importe si tu portes des shorts la majorité du temps et que tu te évites la bouffe francaise. Jugez plutôt le vocabulaire ici: french press, french vanilla, french roast, french dressing , tout ce qui est classe est "french <insert-your-name>". Et dans le pays de l'oncle Sam, on apprend le francais comme on apprend l'allemand en france: a permet de dissocier les gnards issus de la famille Le Quesnoix de la famille Groseille. Choisis ton camps camarade.

Du coup, il n'est pas rare que lorsque l'on rencontre quelqu'un, ce dernier essaye de baragouiner quelques mots en francais, histoire de derouiller le peu de vocabulaire appris durant sa tendre enfance mais aussi pour montrer qu'il fait parti de la haute. Embarassé, on compatit et fait croire que l'on comprend. Il est aussi habituel d'être réduit au rôle de singe ou perroquet et que l'on parle avec vous pour la simple envie de vous entendre répéter certains mots parce que votre accent est "trop marrant". Se voir réduit à un animal de foire qui répète quelques mots est parfois frustrant voire insultant.

C'est assez facile d'être intronisé, de connaître des gens, se faire des amis. Mais ici, nombreux sont ceux qui considère que le lien d'amitié est aussi important que le lien qui vous uni sur facebook. Des relations purement jetables. Ca a ses avantages mais aussi ses inconvénients et l'aspect pratique est parfois fort appréciable même si il est parfois difficile d'accepter le côté rude de la chose.

musée-de-limmigration-grande-image

Marre des États-Unis? Point du tout. Mais être expatrié, avoir la place de l'étranger aide a relativiser et comprendre pourquoi ce que les migrants ressentent lorsqu'ils entrent en france. Les clichés peuvent avoir la vie dure et s'intégrer est difficile. Cela laisse à réfléchir, particulièrement lorsqu'on est dans une situation très favorable et migre dans un pays qui est habitué à l'immigration (être immigré aux Pays-Bas, pays pourtant Européen était bien plus difficile et douloureux). Cela donne un léger apercu des quelques problèmes qui peuvent être rencontrés par ceux essayant de venir en france et donner un regard autre que les traditionnelles discussions de comptoir.

Expérimenter, essayer, se mettre dans la situation de l'autre : il n'y a pas de meilleure solution pour comprendre le malaise d'autrui. Et pour ma part, même si parfois, la vie d'expatrié a quelques côtés déplaisants, je ne regrette en rien ce choix et suis heureux chaque matin du parcours accompli. Pourvu que ca dure.